Illustrations (C) par Sylvain Le Corre
https://sylvainlecorre.tumblr.com/
Textes par Thomas Munier, domaine public
Sauf :
Tous les textes du mois de Merdier sont d'Arjuna Khan
À l'exception du Premier de Merdier : Antoine « Kirdinn » Nobilet
Et du Deux et du Vingt-Neuf de Merdier : Weeping Jay
Les textes du Premier au Quinze de Descendres sont d'Arjuna Khan
d366 | Result |
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1 |
Un de Charnier Ils courent Ils sont tous proches maintenant Il ne me reste que deux balles Et la suivante pour... |
2 |
Deux de Charnier Noires pullulations Ferments Animalcules enfouies dans le terreau de la forêt Plasme omniscient Shub-Niggurath veille |
3 |
Trois de Charnier Ramifications et rayonnements d'écorce Noyau sphérique Branches qui dardent à l'infini Craquelures et éclairs L'Arbre-Soleil ! |
4 |
Quatre de Charnier Je lui ai demandé de me tirer une lame Dans le Tarot de l'Oubli Elle a tiré la Mort Saperlotte ! Comment j'ai pu oublier que j'étais mort ? |
5 |
Cinq de Charnier Ma mémoire est un feuillage Que souffle le vent De mots et de gestes Emportés par la bise Entre les arbres narquois |
6 |
Six de Charnier Douze porgrelets gris Et transparents comme des fœtus Une bauge Des grognements en langue putride Mère Truie Obèse serviteur du Bouc |
7 |
Sept de Charnier Delirium tremens Humus en vomi Branches crispées et forestiers hagards Il est tout près Le but final de ma quête L'Arbre à bouteilles ! |
8 |
Huit de Charnier Sanglegoules ! Corps de sanglier Peau de poulet Presqu’une gueule de chien Dévoreurs de chair humaine Acharnés sur la jambe d'un vivant |
9 |
Neuf de Charnier Vite sortir de là ! Les branches rentrent dans ma peau Mes pieds s'enfoncent dans le sol Et l'horizon disparaît La forêt qui rétrécit |
10 |
Dix de Charnier Cui, cui, cui, |
11 |
Onze de Charnier Araignées ligneuses Chenilles de mousse Arbres de pierre Hommes-champignons Arbres-scolopendres Ours-phasmes Plus rien n'a de sens ici |
12 |
Douze de Charnier Je porte les ossements Les oripeaux et les fragments de mes ancêtres Ils me parlent toujours Porteur de mémoire Mon fardeau de Corax |
13 |
Treize de Charnier Mortes Elles sont bien mortes Qui furent si belles À la peau transparente Tombées face contre terre Elles si légères Feuilles mortes |
14 |
Quatorze de Charnier Un premier bourgeon, sur la peau Puis des ongles d'écorce Virus-papillon Visage, membres en feuilles L'Homme-Fougère |
15 |
Quinze de Charnier La corruption est-elle l’avenir de l’homme ? Peut-on survivre en restant moral ? Ou devenir plus fort ? |
16 |
Seize de Charnier Des jours que je n'ai pas vu le ciel À travers les frondaisons La forêt pèse de toutes ses branches Noir |
17 |
Dix-Sept de Charnier Je suis trappeur Je fais des peaux Fourrures de bêtes Gueules, pattes et crocs Entassées, recousues Parfois un doigt qui dépasse |
18 |
Dix-Huit de Charnier L'Arbre à vœux Branches chargées de messages Parchemins, papiers gras Écorces gravées, cailloux peints Malédictions Rêves de vengeance |
19 |
Dix-Neuf de Charnier Cloportes, lombrics Taupes, scolopendres Peuple de la terre Dans les bras humides et noirs Des cadavres et des ruines De l'ancien monde |
20 |
Vingt de Charnier « Et l'intérieur de l'homme Il est répugnant Flasque Et difficile à saisir » |
21 |
Vingt-et-Un de Charnier La forêt était en proie à la hernie Les galles des racines Immenses Sortaient de terre Et les tumeurs Doublaient le volume des troncs |
22 |
Vingt-Deux de Charnier Je suis à la recherche De mes souvenirs perdus Forme une plaie béante Qui saigne sans cesse Une plaie Une plaie |
23 |
Vingt-Trois de Charnier On l'a vu mort Pourri Transpercé de traits On l'a vu ressortir de la terre Mouillé de placenta Le cerf blanc toujours revient à la vie |
24 |
Vingt-Quatre de Charnier
Il est fusionné à ma chair |
25 |
Vingt-Cinq de Charnier Fleur rouge Gorgée de corruption Mandragores Turgescentes Orchidées qui suppurent d'amour Venins Immenses mâchaisons hallucinatoires |
26 |
Vingt-Six de Charnier Verrues, varices Rides et cicatrices Membres grêles Osseux ou musclés Frissons, duvet, mélanomes Gerçures, œdèmes La peau des arbres |
27 |
Vingt-Sept de Charnier J'ai mal aux dents Il me suit partout D'abord petit homme rosâtre Puis géant ensanglanté Le Bonhomme Douleur |
28 |
Vingt-Huit de Charnier Mes souffrances, mes trahisons Les compromis sur la vie Sur la dignité Tout le mal du monde Enraciné en moi Chaque oubli est un pardon |
29 |
Vingt-Neuf de Charnier Nous sommes le peuple troglodyte De la Ligne Maginot Foreurs Coureurs de ténèbres Récolteurs d'eau Nous fuyons le Ver qui vit au fond |
30 |
Trente de Charnier Lui, l'apôtre de la chair Il joue avec ma peau comme avec une cagoule de soie Sur mon visage à vif Sarcomancien |
31 |
Trente-et-Un de Charnier Il ronge la pierre Lichen rouge Il ronge l'acier Lichen brun Il ronge les chairs Lichen noir |
32 |
Premier de Merdier Elle m'a demandé de tirer Une lame du Tarot de l'Oubli J'ai tiré la Mort Fichtre ! Comment ai-je pu oublier Que j'étais la Mort ? |
33 |
Deux de Merdier Nous nous couvrîmes De carcasses d'animaux Pour apaiser leur colère Mais les horlas Ne sont pas dupes... |
34 |
Trois de Merdier Tous alignés comme des rapaces Me scrutant du haut de leur perchoir Je croque dans un Et à moi le septième ciel Attends... ? |
35 |
Quatre de Merdier Un humain, laid, tordu Maigrelet et sinistre Voila tout ce que j'aime Les douceurs d'autrefois Se font trop rares, je crois |
36 |
Cinq de Merdier Ça t'monte dans la gorge Et ça t'prend jusqu'aux tripes La maladie d'bellegueuse C'est l'agonie à p'tite dose D'aut' questions ? |
37 |
Six de Merdier Il m'ont dit Tiens vieux chn'oc On va t'donner à lui Oublie donc la jolie Préfère c'qui est pourri |
38 |
Sept de Merdier C'est étrange tu sais Mais chaque fois Que je l'entends rire Je tremble d'effroi Oh mais... |
39 |
Huit de Merdier Pile Je mange le truc noir Face Je peux boire la boue On fait comme ça ? |
40 |
Neuf de Merdier Il porte dans sa gueule torve Le fruit de nos péchés C'est très désagréable À regarder |
41 |
Dix de Merdier Sur son corps démembré Les volutes de fumée Disparaissaient peu à peu Ne laissant que cendre et chaos En guise de réconfort |
42 |
Onze de Merdier Derrière ces cages de corps Cadavre souriants Il y avait une perle Qui attendait d’être cueillie Kinder Mon chasseur de fées |
43 |
Douze de Merdier L'idée que jadis les hommes étaient davantage que des bêtes n'est qu'un fantasme Tout le monde doit survivre Ouvrez les yeux |
44 |
Treize de Merdier Chariots à conneries ! J'l'ai pas buté pour la nourriture ! Pour qu'personne mette la main dessus |
45 |
Quatorze de Merdier Sa vue Soulève de honte mon cœur Son odeur Broie mon regard Je me tourne alors vers celui par lequel les ténèbres arrivent |
46 |
Quinze de Merdier Ma plume saigne De te voir mourir Alors cesse de crier et ferme moi ces yeux |
47 |
Seize de Merdier La jeunesse éternelle ? Qu'est-ce que j'en foutrais ? Pour avoir l'opportunité De souffrir éternellement J'ai déjà c'qui faut |
48 |
Dix-Sept de Merdier La lumière torride Qui respire Par les interstices des feuilles À respirer cet air fétide Mon cœur pourrait presque se fendre |
49 |
Dix-Huit de Merdier Dans son œil torve Ne ruminait que la cogitation D'un monde presque mort Pourtant les corbeaux Croassaient de plus belle |
50 |
Dix-Neuf de Merdier Il sculpte nos corps Dans l'acier Comme nous sculptons nos vies Dans la glaise C'est lui ! Le grand architecte purificateur !!! |
51 |
Vingt de Merdier Mes enfants… Vous êtes nés De la corruption sur votre visage Et ils vous chassent ? |
52 |
Vingt-et-Un de Merdier Ce qui me dégoûte le plus ? Ces êtres qui s'accrochent À leur humanité Comme un clochard À ses guenilles |
53 |
Vingt-Deux de Merdier « Moi j'ai connu un loup Moi j'ai connu un loup ! Chansons du patriarche |
54 |
Vingt-Trois de Merdier Ses voix font écho à sa multitude Faites-le taire Par pitié L'emprise afflue Et je sens Qu'il cherche à me corrompre |
55 |
Vingt-Quatre de Merdier Les lunéas Se nourrissent par photosynthèse Encore une preuve que nous n'avons plus notre place Ici |
56 |
Vingt-Cinq de Merdier Assister à la naissance D'un horla C'est un peu Comme jouir De sa propre mort C'est extrêmement déstabilisant... |
57 |
Vingt-Six de Merdier Il a modelé Une créature De sang et de fumée Pour rappeler la chair à lui |
58 |
Vingt-Sept de Merdier Un jour J'ai trouvé un corps Dans un ravin Je n'aurais sûrement pas Eu si peur Si cela n'avait pas Été le mien |
59 |
Vingt-Huit de Merdier D'habitude Je n'aime pas trop les blonds Mais il faut dire Que j'avais Vraiment très faim |
60 |
Vingt-Neuf de Merdier Il gardait Une trace d'eux Pour les maintenir En vie Littéralement |
61 |
Premier de Marche Palétuviers Sentiers nénuphars Clairières de lentilles d'eau Murs de prêles Et buttes de vase |
62 |
Deux de Marche Je suis un nomade Je ne laisse pas de trace Je vis au jour le jour Demain Je serai peut-être mort de mon passage |
63 |
Trois de Marche Rien n'est sacré Les personnages De Millevaux Sont plus attachants Une fois morts Que vivants |
64 |
Quatre de Marche Tout costume est un déguisement Toute éducation Est un endoctrinement Toute richesse Est corruption Ici, nous sommes vraiment libres |
65 |
Cinq de Marche J'ai cru trouver refuge Dans cette cité Las ! Perdu dans la pierre et le bois mort Parmi les prédateurs humains La ville reste une forêt |
66 |
Six de Marche Spectacle d'horreur Sang, tripes et barbaque Vagissements d'outre-tombe Sabots fouaillant la chair Une vache dévorant une autre vache ! |
67 |
Sept de Marche Je vole Dans les brouillards bruns Par dessus montagnes et forêts Fier Corax Ombre noire Je sens ma fin proche Je rejoins ma famille |
68 |
Huit de Marche Les Vampires de la Lignée Kevorkian Sauvages Animaux Métamorphes Leur cœur est un symbiote Horla qui peut être cloné ou transplanté |
69 |
Neuf de Marche Au détour de cette forêt… Les choses sont devenues étranges… Au-dessus de ma tête Frondaisons Ombre noire Un loup pendu à un arbre |
70 |
Dix de Marche Courir à s'en rompre les jambes Boire du sang Manger des yeux Tuer sa bien-aimée Brûler des merveilles Ces choix qu'imposent la faim |
71 |
Onze de Marche Trouver de l'eau pure Trouver des végétaux comestibles Trouver des protéines comestibles Se protéger du froid Se protéger des maladies |
72 |
Douze de Marche Il arrêtait pas de tousser Disait qu'il avait mal aux poumons Simagrées ? On l'a pris au sérieux quand il a recraché Une branche d'arbre ! |
73 |
Treize de Marche Little Hô-Chi-Minh-Ville Arbre-temple Poussées mortelles de bambous Poupées-gingko Veau aux orgones Horreur d'idéogrammes et de néons |
74 |
Quatorze de Marche Une horloge à l'aiguille cassée Une rose déchue Un portrait en camé Un animal mort Ils faisaient commerce D'objets chargés d'égrégore |
75 |
Quinze de Marche Courir entre les branches enchevêtrées Prisonnier dans un cocon De feuilles collantes L'ombre s'approche, affamée L'Arbre-Araignée ! |
76 |
Seize de Marche Je suis censé l'aimer ? Celui-là serait mon ami ? J'exercerais la profession de médecin ? Impossible ! Qui a falsifié mon journal intime ? |
77 |
Dix-Sept de Marche Nuages et pluies, grise saison Feuilles mortes et décrépitude Rouge saison Froid et neige Blanche saison |
78 |
Dix-Huit de Marche Je l'ai vu Le Loup Marcher sur ses deux pattes Pour traverser la rivière Grogner des mots En langue putride |
79 |
Dix-Neuf de Marche Nous sommes sortis de nos abris Après la tempête d'égrégore Tout autour de nous Trophées, membres Bijoux, statues Une forêt de symboles |
80 |
Vingt de Marche Dans l'Arbre des Sephiroth Shub-Niggurath est « Daath » Le cercle caché La bibliothèque cosmique De toutes les mémoires de l'univers |
81 |
Vingt-et-Un de Marche Jambes et pubis Pousses de doigts Racines en bras Une forêt de corps |
82 |
Vingt-Deux de Marche Regarder un nouveau-né dans les yeux Te redonne un souvenir Hier J'ai regardé les yeux d'un mourant Je ne me souviens de rien d'autre |
83 |
Vingt-Trois de Marche Arcades molles masquant le ciel Bouches volcaniques de spores Troncs gluants à perte de vue Chapeaux et tubulures La forêt-champignon |
84 |
Vingt-Quatre de Marche Après l'inondation Il n'y avait plus de sol Que de l'eau Les cimes des arbres Blanches de toile Des milliers d'araignées réfugiées |
85 |
Vingt-Cinq de Marche Ululement sinistre du vent À travers les baudruches dans les branches Fantômes blancs ballottés à ras du sol La forêt des sacs plastiques |
86 |
Vingt-Six de Marche Cris et chuchotements Peaux d'orange Frottement des chairs Brames et morsures Les yeux ouverts, effarés |
87 |
Vingt-Sept de Marche Quand nous serons lassés Nous pourrons nous désaltérer Nous autres Les Confrères aux Masques d'Or |
88 |
Vingt-Huit de Marche Blaireaux, loups, et renards Déambulaient dans le muséum Costumes, monocles et cravates Pour admirer Une collection d'humains empaillés |
89 |
Vingt-Neuf de Marche Chairs et larmes Accrochées aux branches L'appel de la Mandragore Vols de corbeaux Yeux dégustés Viscères au sol La forêt des pendus |
90 |
Trente de Marche Froissement de fougères Tissage de feuilles Tresses de racines Corset de troncs Voile des frondaisons |
91 |
Trente-et-Un de Marche Je traversais la mer C'est en passant Un ban de brume Que j'ai vu la première branche Sous la mer, la forêt poussait |
92 |
Premier de Péril Plus haute que les arbres Plus ancienne qu'eux Dominante Sachant tout Son regard me cloue Voit à travers mes mensonges La Statue |
93 |
Deux de Péril Ils prennent la mémoire Dans leurs collets Achèvent le seigneur à l'agonie Piègent la civilisation Dans des fosses Braconniers du futur |
94 |
Trois de Péril L'odeur de fumée Le charbon de bois Les troncs noirs Les pleurs La chair brûlée des hommes Le feu avait laissé sa marque |
95 |
Quatre de Péril Ils s'en viennent de nuit Ils vous volent et vous revendent |
96 |
Cinq de Péril La petit fille s'est mis à avoir peur Qu'il y ait des monstres sous son lit C'est à ce moment-là Qu'ils ont commencé À apparaître |
97 |
Six de Péril Je m'empêtre dans une forêt de cordes Câbles et soies tendus en tous sens Vibrant d'égrégore Lesquels tirer, trancher ? Fils du destin ! |
98 |
Sept de Péril Lianes et sifflements Troncs écailleux Branches glissantes Sève envenimée Reptations humides |
99 |
Huit de Péril Je l'ai vu ! Il m'a parlé ! Il m'a touché de ses brandons ! Ma chair porte sa marque Mon esprit porte son enseignement |
100 |
Neuf de Péril Pourtant je l'ai tué Pourtant il est à mes trousses J'entends son brame Mon sang pulse dans mes veines Apeuré, fasciné Le cerf revient |
101 |
Dix de Péril On n'y voit rien Ronces, orties, buissons Une friche sans limite et sans issue Juste des tunnels rasants La forêt des enfants perdus |
102 |
Onze de Péril Tempête d'égrégore Forêt de symboles Carnaval de la corruption Êtres et choses devenus fous Millevaux, un territoire obsessionnel |
103 |
Douze de Péril
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104 |
Treize de Péril Pour débusquer les criminels Le conteur-enquêteur imagine ce qui ferait la meilleure histoire possible Alors celle-ci devient la vérité |
105 |
Quatorze de Péril Scolopendres vertébraux Vers voraces poussant au cannibalisme Bras d'écorce Araignées-ganglions… Symbiotes horlas |
106 |
Quinze de Péril Je survolais la forêt en ballon Lignes d'angoisse Rivières de tristesse Montagnes d'espoir Je vis ce que l'égrégore produit sur le monde |
107 |
Seize de Péril Grumeaux flottants Couvercle de brumes et de fiel Menace porteuse de pluie et de mort Pourriture éthérée Forêt sur nos têtes |
108 |
Dix-Sept de Péril Le lichen rouge mange la pierre Il est notre arme Pour mettre la civilisation à bas La forêt nous libérera Nous sommes la Asunción Roja |
109 |
Dix-Huit de Péril Il a tout créé Il est partout Il sait tout Enfoui dans le sol Dans nos chairs Dans nos peurs |
110 |
Dix-Neuf de Péril Dans cette auberge On dort avec ces autres Qui nous protègent Nous réchauffent Nous racontent leur histoire |
111 |
Vingt de Péril Le plateau de Millevaches Qui aurait pu croire Qu'y furent jadis Enfouis tous ces déchets nucléaires ? Sous la Lune verte, calme, personne |
112 |
Vingt-et-Un de Péril Je ne me fie pas à ces charlatans Et ces sorcières Rien ne vaut une immersion Dans une baignoire remplie de tripes Pour garder la santé ! |
113 |
Vingt-Deux de Péril Dans sa boutique Des centaines de flacons de larmes Cristallines, fondues Fluides, opaques, irisées… Sentiments à boire et à vendre |
114 |
Vingt-Trois de Péril J'avale la dernière gorgée De ce liquide noir La Chiure de la Terre Le ressentir dans son horreur totale Iä, Iä ! |
115 |
Vingt-Quatre de Péril Si je n'étais pas mort de faim De fatigue et de froid Je n'y serais pas entré On ne se sentait pas le bienvenu à l'Auberge aux Mouches |
116 |
Vingt-Cinq de Péril Des arbres aux branches crochues Des écorces ridées Des voiles de feuilles blanches Traversés de soupirs La forêt tombait de vieillesse |
117 |
Vingt-Six de Péril Grenades à dents De poissons venimeux Nappes de spores mortelles Catapultes à viande noire Seringues d'orgones L'avenir du terrorisme ! |
118 |
Vingt-Sept de Péril Il grogne et fouaille et couine Il retourne l'humus noir Spongieux Il trouve des horreurs Et des merveilles Ce cochon truffier ira loin |
119 |
Vingt-Huit de Péril Un sol de cuir sanglant Des troncs comme des crânes Ou des cylindres de kératine Des canopées soyeuses ou emmêlées Une forêt de scalps |
120 |
Vingt-Neuf de Péril Par leurs odeurs Les gens disent leurs vices alcoolisme, tabac Obsessions, saleté Angoisses Dévoration de gibier noir Ou coquetterie |
121 |
Trente de Péril De tumultes rocheux En tumeurs minérales Des blocs métamorphes Ou glissaient depuis les collines Pierres corrompues |
122 |
Premier de Messe Depuis que je suis aveugle Je ressens l'égrégore Je vois les émotions Je lis dans le passé, le futur J'ai bien fait de me crever les yeux ! |
123 |
Deux de Messe Seul passage à travers la forêt Source de vie L'endroit à traverser pour effacer ses traces La rivière est un espoir |
124 |
Trois de Messe Hue, hue, hue ! Les enfants font la chasse au Dahu Oh, oh, oh ! Ils en abandonnent un là-haut Dia, dia, dia ! Il sera la proie du Horla |
125 |
Quatre de Messe J'ai vu marcher De noirs cœlacanthes J'ai vu glisser Des limaces sans forme J'ai vu frissonner La chair des anémones La forêt de corail |
126 |
Cinq de Messe Il est revenu de la chasse, fier Portant une belle biche blanche Il l'a saignée Servie à table L'horreur nous saisit C'était sa fille ! |
127 |
Six de Messe Empoisonneuse, costumée, fascinante Traverse les nuits de Venise Masquée, armée, redoutable Défi de fer et de chair La Femme Orchidée |
128 |
Sept de Messe Goupil est venu du bois Il nous a fait rire Avec tours et grimaces Puis il nous a fait De très cruelles farces Goupil donne puis reprend |
129 |
Huit de Messe L'arbre a tout vu Avec les fruits ronds qui pendent de ses branches Il a vu avec les yeux De son écorce |
130 |
Neuf de Messe J'ai mangé leurs viscères Je me suis couvert la face De leur visage Je me suis paré la bouche De leurs dents Je voudrais tant devenir humain ! |
131 |
Dix de Messe Nous avions vécu tout ce temps Dans la forêt Mais en réalité Nous ne savions rien Des êtres et des choses qui y vivent Pour notre malheur |
132 |
Onze de Messe Miasmes dans l'air Vermines volantes Fièvre rampante Il est de retour Avec ses millions de sujets Baal-Zebub Sa Majesté des Mouches |
133 |
Douze de Messe Ils écrivent des consciences humaines Sur des rouleaux en hébreu Commandent à la matière inerte Et cachent le nom de Dieu Dans une cité |
134 |
Treize de Messe Bruits Branches qui s'effondrent Impasses blanches Choses cachées dans les congères Glace Tracer un chemin La neige a envahi la forêt |
135 |
Quatorze de Messe Tintement de milliers de sequins Glisse une immense burqa rapiécée Masse terrible Le Festival à commencé Bientôt… Voir le Roi en Jaune ! |
136 |
Quinze de Messe Et parmi leurs songes Abîmes verdoyants On aurait pu y voir Les angoisses ancestrales Qui avaient forgé le monde |
137 |
Seize de Messe Creuset des folies de cette terre Tourbillon des hantises humaines Le Roi en Jaune n'est autre Que la somme De toute l'égrégore du monde |
138 |
Dix-Sept de Messe Leur radeau glisse sur le fleuve Allongés Les yeux clos Ils respirent à peine Beaux de rêves et de souffrance Les énervés de Jumièges |
139 |
Dix-Huit de Messe Des mille-pattes grinçants Flaques-rouille L'air avait un goût de fer Racines mal soudées La pluie : tous à couvert ! La forêt de clous |
140 |
Dix-Neuf de Messe J'ai ces démangeaisons Quand je me gratte Y tombe de ces croûtes brunes.. Et ça pousse sous ma peau Ça bourgeonne Je deviens un arbre ! |
141 |
Vingt de Messe Danse Danse mon bel amant J'admire tes membres épars Je goûte à leur chair salée Je savoure ton sang chaud Dévore ta viande palpitante |
142 |
Vingt-et-Un de Messe J'entends leurs cris Dans la forêt En proie à l'incendie Je les entends encore Dans les cendres Et l'odeur du bois mort |
143 |
Vingt-Deux de Messe Rouges les rivières Rouges les racines Et rouges mes bras Bat ma poitrine Et bat l'écho Une forêt de sang D'artères et de cœurs battants |
144 |
Vingt-Trois de Messe Enfant albinos On me dit sacré On me dit porteur de lumière On dit que je peux régénérer On me coupe un bras Pour en faire un talisman |
145 |
Vingt-Quatre de Messe Nous avancions au fil de l'eau Voyager en radeau Nous parut plus sûr que la forêt Mais sous notre esquif Le sillage De la Mandragoule... |
146 |
Vingt-Cinq de Messe Pour accéder à la connaissance Je laisserai mon maître Me plonger Dans le liquide sarcomantique On me révèle Le supplice du double visage |
147 |
Vingt-Six de Messe Sous ma peau Le fourmillement De milliers de parasites Dont mon corps s'est fait le limon Je suis la nouvelle chair |
148 |
Vingt-Sept de Messe Les accidents de bûcheronnage Ne sont pas toujours des accidents Sentant leur heure venue Certains arbres Ne veulent pas partir tout seuls |
149 |
Vingt-Huit de Messe En son cœur brûle un brasier Ses branches sont couvertes d'or Qu'on le vénère Qu'on lui offre l'innocente Chair humaine L'Arbre-Moloch ! |
150 |
Vingt-Neuf de Messe Tu sais pourquoi De la viande Surtout la viande crue ? J'y retrouve le goût De la bête à l'abattoir Le goût de sa peur |
151 |
Trente de Messe Nous, les sheitanites Sommes la seule religion Qui soit dans le vrai Car nous sommes les seuls À vénérer un dieu qui existe Iä ! Iä ! |
152 |
Trente-et-Un de Messe Nous ne sommes que des enfants Nous sommes les proies des Horlas Qui chassent dans les rêves Nous courons dans la forêt De nos cauchemars |
153 |
Premier de Chien Pourquoi ces fièvres nocturnes ? Pourquoi me réveillé-je Chaque matin Fourbu Des plumes noires Dans mon lit ? |
154 |
Deux de Chien Tout allait bien au village Jusqu'au jour où Nos femmes ont donné Naissance À des animaux |
155 |
Trois de Chien À l'abri de la forêt Entassant les choses Qui nous seraient utiles un jour Jusqu'à être submergés Par une forêt d'objets |
156 |
Quatre de Chien Des rivières de sueur Des montagnes de membres Des murailles de dents Des buissons de poils Des landes de lambeaux Et des forêts de peau |
157 |
Cinq de Chien L'agence du Grand Timonier Propose une promotion exceptionnelle Sur le voyage dans Millevaux ! Une épopée extrême ! Des photos inoubliables ! |
158 |
Six de Chien Je ne crains ni la faim Ni le froid Ni ces bois Ni les Horlas qui les hantent Millevaux n'existe pas Ce n'est qu'une épreuve pour ma foi |
159 |
Sept de Chien Brûle, brûle, brûle La chair des arbres Et celle des hommes Portant au loin L'insoutenable odeur de la vérité |
160 |
Huit de Chien Tombe la neige À la surface de Paris abandonnée Fragments de journaux Messages fous Esseulés Pièges qu'on consacre une vie à rassembler |
161 |
Neuf de Chien Dans les forêts limbiques Les morts parlent aux vivants Les vivants couchent avec les morts Pour se réchauffer D'un hiver sans température |
162 |
Dix de Chien La sarcomancienne Vous greffe la peau tatouée d'étrangers Coulent encore chaudes Dans vos veines |
163 |
Onze de Chien Un larsen qui transperce La mémoire atavique D'un passé perdu Guitares brandies Roulement de batterie Le Dernier Groupe de Rock du Monde ! |
164 |
Douze de Chien Ce flingue a fait tout ce chemin Pour revenir vers moi ! Avec l'égrégore Le hasard n'existe pas Plus qu'une balle Je sais quoi en faire |
165 |
Treize de Chien PUTRESTOP ! Contre les problèmes De putrescence passagère Ceci est un médicament Avant usage Lire attentivement la notice |
166 |
Quatorze de Chien Primo, la préparation mentale Des hommes sûrs Les meilleurs outils De bons augures Le savoir du terrain L'art délicat D'abattre un arbre |
167 |
Quinze de Chien Ce n'est pas son corset de branches Ni ses cheveux de feuilles Ni ses lèvres en insectes Qui me font peur C'est qu'elle n'a pas de cœur |
168 |
Seize de Chien Dans cette mer d'arbres Plus aucun repère La boussole ne trouve plus le nord Tout est si étranger Et familier en même temps Perdus ! |
169 |
Dix-Sept de Chien Faire devant les autres Ou s'éloigner dans l'intimité Et les dangers de ce bois ? Que choisir ? Le dilemme du caca |
170 |
Dix-Huit de Chien Une longue route à travers la forêt De jeunes indigènes font du stop Disparitions Battues dans les bois En vain L'Autoroute des Larmes |
171 |
Dix-Neuf de Chien Nous ne contrôlons pas les gènes Ils nous contrôlent Elle demeure Depuis la nuit des temps L'emprise Nous sommes ses sujets À jamais |
172 |
Vingt de Chien Le jour de Lazare Nous reviendrons Purs et innocents Lavés de nos péchés Drapés de chair putride Nous tituberons Sur la Terre Promise |
173 |
Vingt-et-Un de Chien Si seulement on avait vérifié Les mollets des enfants Quand ils rentraient du bois ! Tout irait encore bien au village ! |
174 |
Vingt-Deux de Chien Nous progressions Dans la forêt de châtaigniers En silence Soudain, le fracas des coups sur le sol Et des crânes brisés Chute de bogues ! |
175 |
Vingt-Trois de Chien Souffle des canopées Grenades-fougères Humus de plastic Troncs-dynamite La forêt comme une lente Inéluctable Et silencieuse explosion |
176 |
Vingt-Quatre de Chien Belle Dans le sang de la révolte Blanche Dans le chaos de la guerre Seule Parmi les chapelles les arbres les morts La Madone à la kalach |
177 |
Vingt-Cinq de Chien On a cru que l'oubli Était une tare génétique héréditaire Mais c'est plus que ça Il est contagieux Il se répand Trou noir |
178 |
Vingt-Six de Chien Fange, ornières, bourbiers Progresser dans l'infâme mangrove Sables mouvants Suffocation Déchetterie de la mégafaune La forêt de merde |
179 |
Vingt-Sept de Chien Moustiques qui injectent de faux souvenirs Arbres en calcul constant Racines en réseau Données organiques La forêt à mémoire cellulaire |
180 |
Vingt-Huit de Chien Pauvres chiens Ils sentent L'odeur des cellules cancéreuses L'odeur de l'égrégore L'odeur de la mort L'odeur de la peur Pauvres bêtes ! |
181 |
Vingt-Neuf de Chien Les fous ! Ils ont ramené des arbres-souches De l'expédition ! Ces choses sont capables De faire pousser une forêt entière en une nuit ! |
182 |
Trente de Chien Des visages recousus Des poèmes de chair Des dents sculptées Des yeux incrustés de pierreries Et des bouches mutilées Art sarcomantique |
183 |
Premier de Vrillette Grenades-arbres Humus truffé de mines antipersonnel Fosses comme des bouches d'épieux Lianes étrangleuses Sonne la guérilla forestière ! |
184 |
Deux de Vrillette Meuglements de bêtes Et d'hommes devenus fous Tremblement des feuilles Il pleut à pierre fondre La nuit ! La forêt de Creutzfeldt-Jakob |
185 |
Trois de Vrillette On nous disait clochards Nous étions pionniers, libres Chercheurs d'or On nous disait fous Nous étions les seuls À pouvoir s'en sortir |
186 |
Quatre de Vrillette Les cendres du mort Avec ce four J'en ferai un diamant Avec cette terre J'en ferai un arbre Avec ce vin J'en ferai un philtre de mémoire |
187 |
Cinq de Vrillette La surface Des silences à glacer le sang Une ville blanche et dénervée Un visage de pierre Dans la rigueur De l'hiver nucléaire |
188 |
Six de Vrillette L'orgone Mystérieux fluide Drogue, aphrodisiaque et source d'énergie Machines à orgones L'emprise et l'égrégore Dans le même flacon ! |
189 |
Sept de Vrillette Ne m'en veux pas Si je t'attache ! Les cordes Sont le meilleur vecteur d'égrégore Que je sache Liens, entraves, garrots Fil des Parques |
190 |
Huit de Vrillette De l'arbre et du feu Branches, flammes et fumée, semblables Des vertus du charbon de bois Plaisir de démiurge À souffler sur les braises |
191 |
Neuf de Vrillette L'oubli participe de l'emprise Ce n'est pas juste une tare héréditaire C'est une mutation Contagieuse Chronique Curable |
192 |
Dix de Vrillette Je suis le ver Et je suis la chair Je suis la peau Et je suis les os Je suis la nouvelle manne Et l'ancienne pourriture |
193 |
Onze de Vrillette Les arbres des piliers titanesques Le ciel une chape de brume Fourbus mes pieds Craqué le bitume Longue la route Pour qui erre sans but |
194 |
Douze de Vrillette Marigots, vasières Lourds pas à pas Gare aux trous d'eau ! Des larves d'anguilles Nagent entre nos jambes Comme un million de radicelles |
195 |
Treize de Vrillette On m'a laissé Une demi-heure d'avance Déjà, je suis à bout de souffle J'entends les cors Leurs pas dans les feuilles Chasse à l'homme ! |
196 |
Quatorze de Vrillette Il porte toute une forêt sur sa tête Son brame est une tornade Couchant les arbres comme fétus Immense l'emprise Et la force Du Dieu Cerf ! |
197 |
Quinze de Vrillette J'ai le pouvoir de lire Dans les rêves et dans les pensées Mais à chaque fois Ça me coûte un souvenir Triste prêté Pour un affreux rendu ! |
198 |
Seize de Vrillette Se nourrir du lait De la terre nourricière Le boire jusqu'à sa lie Putride et infectieuse Ainsi soit-il Iä ! Iä ! |
199 |
Dix-Sept de Vrillette Piège de toile Bébés dans des cocons Génération spontanée Moi, ces enfants Victimes de l'araignée Violeuse d'hommes Qui pond des clones |
200 |
Dix-Huit de Vrillette Un coup de pelle malheureux A crevé une poche de biocide Poison déversé dans les rivières Crèvent plantes Bêtes Hommes ! |
201 |
Dix-Neuf de Vrillette J'veux bien couper les arbres Et mettre la charrue ! Mais avant le vendredi saint La terre saigne Et après elle bouffe Plantes et hommes |
202 |
Vingt de Vrillette C'est celui-là qui avait mangé De la viande noire Un mercredi des cendres Ben aucun sacrement N'a pu le sauver de lui-même Ni son village |
203 |
Vingt-et-Un de Vrillette J'pense qu'on devrait pas Enterrer les morts La terre les dévore ou les vomit On devrait pas Faire de messe non plus Çà les fait revenir |
204 |
Vingt-Deux de Vrillette La faim est l'arme de l'emprise La nourriture est emprise Ne pas manger Contempler dans le miroir La maigreur de son corps Une victoire |
205 |
Vingt-Trois de Vrillette J'dirais pas qu'c'est mal De coucher avec sa mère Mais ce que ça retourne Au niveau De la mémoire et de l'égrégore… Tu veux pas savoir |
206 |
Vingt-Quatre de Vrillette Rien ne marque la mémoire Comme ces fantômes de fermes Là où Dans les hangars Sous le fumier Dans les champs Gisent les vaches mortes |
207 |
Vingt-Cinq de Vrillette On peut oublier des visages Des histoires Des promesses On peut vivre sans ça Mais le pire est ailleurs Le pire C'est l'oubli de soi |
208 |
Vingt-Six de Vrillette Cet attirail de branches De fil de fer De croix et de fleurs coupées Et ces prières crachotées Étaient du meilleur effet Culte du cargo |
209 |
Vingt-Sept de Vrillette Crèmes de beauté aux orgones Biocarburants Drogues neurotiques Déchets génétiques contaminés L'emprise croît Sur le sol pourri du passé |
210 |
Vingt-Huit de Vrillette Hélicoptères Commandos Sous-marins espions Millevaux Réservoir pharmaceutique et génétique Plus convoité par l'Extérieur que jamais |
211 |
Vingt-Neuf de Vrillette Remèdes qui détruisent Le corps et l'esprit Ces souvenirs qui enflent En migraines permanentes D'autres qui meurent Cancer de la mémoire |
212 |
Trente de Vrillette Une seringue Un cocktail de bactéries-arbres Quand elle aura ça dans le sang Je ne donnerai pas cher de sa peau J'imprime ma sentence ! |
213 |
Trente-et-Un de Vrillette Quand on oublie tout On enquête sur son passé Tout le temps On enquête Sur tout le monde On recherche des liens perdus Époque de ragots |
214 |
Premier d’Outre J'ai cet eczéma au coude Pourquoi ? C'était un mauvais souvenir ? Un sorcier a dû le voler Pour nourrir sa magie Du bon mana pour lui |
215 |
Deux d’Outre La rivière dégorge De squames et de sanie Rampent des horlas Hideux de verrues et de bourrelets L'usine de peau s'est remise en marche ! |
216 |
Trois d’Outre La peur en voyant bouger Ces arbres maigres et moussus Puis la terreur En réalisant que c'étaient Les pattes grêles D'un cerf trop grand ! |
217 |
Quatre d’Outre Quand on a vu les premiers germes Sortir des êtres et des choses Il était trop tard Il était déjà enraciné En chacun de nous Le champignon |
218 |
Cinq d’Outre Je suis votre Mère Truie Ceci est mon corps Mangez-en Amputez mes chairs Et regardez-les repousser Dessiner de nouvelles formes de vie |
219 |
Six d’Outre Armures en pièces Cuirasse en cèdre calciné Lassos en racines Le bois des casques Et des fusils décorés Comme des dentelles de mort |
220 |
Sept d’Outre Un crâne sur une feuille de chêne Sur une épée et une hache entrecroisée Sur une perle de sang Sans peur C'était le blason des Valensac |
221 |
Huit d’Outre Nos intestins Sont comme ces rivières Des bestioles envahissent les berges Puis d'immondes végétaux y poussent Enfin la vase comble tout |
222 |
Neuf d’Outre Invisible et pourtant tout près Son masque est effrayant Mais son visage l'est plus encore Léger et dévastateur Le Sanglier-Bombyx ! |
223 |
Dix d’Outre Il s'en trouve des corps Pourris dans le sol Des chenilles qui tissent des fils Pour passer de feuille en feuille Charniers et merveilles |
224 |
Onze d’Outre Ces jeunes personnes Que je croise sur ma route Sont mes enfants Cela me rassure Me bouleverse Et avec de la chance C'est peut-être vrai |
225 |
Douze d’Outre Son visage était si abîmé Des escargots mangeaient Les chairs pourries de ses plaies Vallons et collines Avec faune, flore et fleuves |
226 |
Treize d’Outre Enfermée dans son propre corps Elle capture les hommes Engoncée dans son armure-dryade Elle sème la mort La femme-tronc aime comme tue |
227 |
Quatorze d’Outre Fruits de la forêt De l'emprise et de la peur Horlas Souillés, sublimes Nouvelle chair Créatures à fleur de pus Monstrueux, humains |
228 |
Quinze d’Outre Sa peau est un terreau Ses yeux sont des galeries Ses cheveux sont des symbiotes Sa langue est une sangsue Que rampe la Reine des Vers ! |
229 |
Seize d’Outre Un large nombril Des bras et des bras Aisselles poilues Pubis évasés Et jambes sous terre Peau rugueuse et grains de beauté L'Arbre |
230 |
Dix-Sept d’Outre Mousses en charge Racines en réseau La forêt est un immense champ d'énergie Orgone, électricité, égrégore, emprise Bombe à retardement ! |
231 |
Dix-Huit d’Outre Tu dis « Je m'en rappelle, ça a eu lieu comme ça. » Tu changes ton souvenir Le passé est un arbre Qu'on défigure tout le temps |
232 |
Dix-Neuf d’Outre Maisons troglodytes Imprimantes de textures Matière apprivoisée Armures fongiques Cœur en mycélium |
233 |
Vingt d’Outre Perchoirs de boue noire et de racines Larves-vaisseaux sanguins Rouges Observatoire d'oiseaux de proie tours grêles au cœur des arbres |
234 |
Vingt-et-Un d’Outre De plus en plus de mal à... Souffle court et bronches obstruées Mal au cœur La chose se multiplie, vole mon air L'arbre-poumon |
235 |
Vingt-Deux d’Outre Navigant sur l'arbre-radeau Au milieu des bois Qui portent le souvenir de la fumée Les palétuviers sans fin Boivent l'eau-mangrove |
236 |
Vingt-Trois d’Outre Nous sommes tous des indigènes Corrompus Sédentaires Perdus Obèses Alcooliques Ce besoin d'absorber toute chose pour oublier L'emprise |
237 |
Vingt-Quatre d’Outre Chien Jack Russel Avec une mitrailleuse Hérissons explosifs Ourse en exosquelette rouillé Cruelle nature en guerre ! |
238 |
Vingt-Cinq d’Outre Festins parasites Palais grêlé Où psoriasis et meurtrissures Ont creusé leurs vallées Ma peau, une forêt Où bourgeonnent de mauvais souvenirs |
239 |
Vingt-Six d’Outre Ce truc des animaux tutélaires Ça vient de nos têtes Le hic, c'est qu'ils finissent Toujours par céder à l'emprise Faut les brûler avant ! |
240 |
Vingt-Sept d’Outre Enchevêtrements De mémoires gigognes Labyrinthes du passé Se perdre en conjectures L'homme Qui a vu l'homme Qui a vu l'ours |
241 |
Vingt-Huit d’Outre Notre malédiction C'est qu'on est voués à dégénérer Souffrir, grandir, évoluer Muter, mourir, se décomposer Bourgeonner Se transformer |
242 |
Vingt-Neuf d’Outre D'abord c'était juste Une pluie d'échardes Puis les écorces Nous ont frappés en bourrasques Et enfin tous ces arbres… Tempête de bois ! |
243 |
Trente d’Outre Tu as tout fait Pour la retrouver Stratagèmes et sortilèges Maintenant tu es seule avec elle Et déjà tu regrettes Seule avec ta mémoire |
244 |
Trente-et-Un d’Outre Embrasser une bouche Y sentir le goût du mucus Croquer dans un fruit Y trouver du cartilage Quelque chose de pourri Au Jardin d’Éden |
245 |
Premier de Serpente Au marché de la mémoire Madeleines de Proust Gâteaux d'anniversaire Vin chagrin Banquets régurgités Hostie du pardon Premières dents |
246 |
Deux de Serpente Microbes de porcelaine Graviers à pseudopodes Limon vivant Foraminifères Cellules de pierre Roche liquide Minuscule emprise minérale |
247 |
Trois de Serpente Les microbes que nous tuons Les insectes que nous avalons La viande que nous mangeons Notre impact sur la forêt… Toute vie est un crime |
248 |
Quatre de Serpente Tout est parti en vrille Quand les gens Se sont tous nourris De cette bouillie blanche Œuf, farine, lait Protéines, vitamines Soylent |
249 |
Cinq de Serpente Rivières de goudron Fumée du charbon de bois Ramoneurs de troncs Et mineurs de fond L'endroit empeste l'anthracite La forêt de derricks |
250 |
Six de Serpente Le mur végétal Cette épaisseur de la forêt Qui absorbe toute image Tout odeur et tout son Un refuge Une frontière Une terreur |
251 |
Sept de Serpente Tanins amers Arômes de mort naissante Visions troubles à la surface Infusion du doute Cérémonie d'anecdotes Le thé noir du souvenir |
252 |
Sept de Serpente Tanins amers Arômes de mort naissante Visions troubles à la surface Infusion du doute Cérémonie d'anecdotes Le thé noir du souvenir |
253 |
Neuf de Serpente Corps des braves Et fronts de guerre Corps des maîtres Corps des malades Et litières Fleurs qui leur poussent dans les yeux |
254 |
Dix de Serpente Pour les hommes Un secret pour acquérir beauté Et jeunesse éternelle Manger des femmes En toute conscience Gare aux effets secondaires |
255 |
Onze de Serpente Un bruit Qui perce la nuit et la montagne Remue l'égrégore de l'air Réveille ce qui devrait dormir Évoque l'insensé Le moulin à prières |
256 |
Douze de Serpente Il y avait cet homme Qui se fit offrir Une edelweiss de Suisse Il serait mort pour la sauver Mais elle ne pouvait vivre |
257 |
Treize de Serpente Ce peuple où la compassion est un art Ils laissent tiques et parasites Proliférer sur leur corps Et offrent leurs cadavres Aux charognards |
258 |
Quatorze de Serpente Tu montres une telle confiance Une telle générosité… Tu as un parfait profil de victime Un bourreau en puissance |
259 |
Quinze de Serpente Notre problème C'est qu'on vit plus vieux Que ce que notre corps Est prévu pour Alors c'est normal Qu'il foute le camp Par tous les bouts |
260 |
Seize de Serpente Arborescences de photos Murailles de post-it Canopée de fils rouges Tempêtes sous des crânes La forêt des suspicions |
261 |
Dix-Sept de Serpente Racines qui poussent Sur les corps pourris des ancêtres Ramifications généalogiques Feuilles et parchemins et polaroids L'arbre-mémoire |
262 |
Dix-Huit de Serpente Tac, tac, tac Le bruit s'approche Et j'ai nulle part où me cacher Le bruit s'approche J'ai plus un poil de sec... |
263 |
Dix-Neuf de Serpente Musique lourde et poignante Entrechats plombés Beauté distendue Grâce Bras et ventres Corps obèses en communion La danse volumineuse |
264 |
Vingt de Serpente Par où Millevaux a commencé ? Quand les choses Se sont accumulées en douce On en a perdu le contrôle Et le monde s'est refermé sur nous |
265 |
Vingt-et-Un de Serpente Notre corps Est une forêt de cellules Qui par un grand mystère Acceptent de vivre ensemble Qui pourraient rompre Cet ordre à tout instant ! |
266 |
Vingt-Deux de Serpente Sacs plastiques Gonflés aux branches Ruisseaux d'ordure Tumulus-choses crevées Pâte radioactive Puanteurs en maraude La forêt-décharge |
267 |
Vingt-Trois de Serpente Ces abrutis de médecins Ils croient soigner Ils veulent juste corriger la nature Charcutage et castration Privations et empoisonnement |
268 |
Vingt-Quatre de Serpente Perdu dans les sentiers De mes destins morts-nés La forêt des si-seulement Hanté par ces visages chéris Manqués de peu Voies sans issue |
269 |
Vingt-Cinq de Serpente Y'avait cet homme Qui avait toujours mal au ventre Sans savoir pourquoi À sa mort On a trouvé un brochet De deux mètres Dans son intestin |
270 |
Vingt-Six de Serpente Il s'envole Avec un mouvement douloureux Alors que l'arbre de vie Lui pousse dans le dos Dans une vaste extase L'ange aux ailes en branche |
271 |
Vingt-Sept de Serpente Les Corax sont les êtres suprêmes Transformons les autres créatures sentientes En Corax Au moins les meilleurs La Voie de la Conversion |
272 |
Vingt-Huit de Serpente Avec ma gueule de maletronche De monstre errant De presque-horla Je suis le miroir De vos propres emprises La grimace Des temps-poubelles |
273 |
Vingt-Neuf de Serpente Je mange les vers Et après ils vivent dans mon estomac Et en retour ils me permettent De digérer les feuilles et l'écorce Gagnant-gagnant |
274 |
Trente de Serpente Le plus dur C'est pas la forêt Les dangers ou les horlas Le plus dur C'est de voir Que la mort est partout Et qu'il est vain d'aimer |
275 |
Premier d’Opprobre J'ai d'abord entendu son brame Tel l'appel de l'évangile Ivre de chasse et d'extase J'ai vu le cerf Et dans ses bois La croix de lumière ! |
276 |
Deux d’Opprobre Au plafond Comme pendeloques profanes Des lianes dont la glu Emprisonne les insectes Frondaison morbide et visqueuse Papiers tue-mouche |
277 |
Trois d’Opprobre Parcourir tout Millevaux À la recherche de mets de choix Nouvelles chairs Cuissons exotiques Saveurs inconnues Aristocratisme cannibale |
278 |
Quatre d’Opprobre Nous ne sommes pas des marginaux Nous sommes les explorateurs Et les gardiens des frontières Nous avons tout abandonné Pour votre survie |
279 |
Cinq d’Opprobre Ce moment où tu écartes enfin Les branches du mensonge Pour voir la vraie réalité Tu l'as tellement cherché Il va te faire tellement mal |
280 |
Six d’Opprobre Les notables nous capturent Pour leurs expériences et leurs jeux Les bourgeois nous chassent Parce que nous volons leurs poules Libres ! |
281 |
Sept d’Opprobre Je vole mémoires, identités, passés J'enlève de votre visage Pour voir dans le miroir La tête que ça me fait Et oublier mon vide |
282 |
Huit d’Opprobre Toutes ces blagues grivoises Grasses et grossières C'est dans ta bouche Comme le rot qu'émet L'énergie du désespoir Ça ne m'atteint plus |
283 |
Neuf d’Opprobre Nous sommes missionnés Dans les pires endroits Pour retrouver Ce qui n'aurait jamais dû disparaître Nous sommes les guerriers mémoriels |
284 |
Dix d’Opprobre Parachutés dans Millevaux Avec quelques kits médicaux Seringues, vaccins Extrémistes de l'humanitaire Soigner les habitants de l'enfer... |
285 |
Onze d’Opprobre Un abri Des possessions Des vivres C'est juste une chose qui te rend vulnérable Attaquable Une blessure d'entrée Un ver dans le fruit |
286 |
Douze d’Opprobre Ton apparence Ton genre Ton espèce Ne sont que des hasards de l'instant Éphémères Des jouets de l'emprise Ton identité Une illusion |
287 |
Treize d’Opprobre Liens du sang Malédictions Pactes irrévocables Dur d'être pauvre Quand il ne reste plus Que les paiements terribles de la sorcellerie ! |
288 |
Quatorze d’Opprobre Mare maison fenêtre Grille cage oiseaux Araignées mygales chat Homme morsure Métamorphoses emprise égrégore Oubli ruines forêt |
289 |
Quinze d’Opprobre Me souviens cette personne qui mendiait Personne lui donnait Elle a crevé de faim Avec une pépite d'or Contre son cœur |
290 |
Seize d’Opprobre Méfiez-vous des nobles Du sang bleu qui coule dans leurs veines Plus longue est leur lignée Plus l'égrégore Se concentre dans leur cœur |
291 |
Dix-Sept d’Opprobre Confie la liste de tes ennemis Au ventre d'un serpent mystique Avec une amulette De la cendre des tes ancêtres Le serpent prendra son dû |
292 |
Dix-Huit d’Opprobre Je vois les émotions Qui se dégagent de la tête des gens Fourmis, cafards Araignées, cloportes Grouillent les insectes De leurs pensées |
293 |
Dix-Neuf d’Opprobre Des clochards jettent des pièces Dans le fleuve Comme une aumône Comme s'ils étaient des dieux Plonger au fond Pour mieux refaire surface |
294 |
Vingt d’Opprobre Les chiens Hurlent comme des bébés Les chats Prennent des visages Les rats À qui poussent de petites mains Les lapins |
295 |
Vingt-et-Un d’Opprobre Les horlas ? Personne n'en a jamais vus C'est un mythe C'est bien ça le danger Les horlas C'est tout ce que tu crains L'Horlarlésienne |
296 |
Vingt-Deux d’Opprobre On a su que la guerre Durait depuis cent ans Quand on a vu pousser Des arbres hérissés De hallebardes De heaumes Et de masses d'armes |
297 |
Vingt-Trois d’Opprobre Je vais chez le sarcomancien Il va me refaire les lignes de la main Pour changer mon passé Mon destin Mon avenir Ou tout effacer ? |
298 |
Vingt-Quatre d’Opprobre
|
299 |
Vingt-Cinq d’Opprobre Aucune boussole ou carte N'aurait pu m'être utile Je me perds dans cette forêt Car ma mémoire me joue des tours Part de moi qui me trahit |
300 |
Vingt-Six d’Opprobre Il y a eu ce trafic Avec les cendres des morts Ils les sniffaient Leur propre mémoire Âme Réduite en cendres |
301 |
Vingt-Sept d’Opprobre Dans la forêt-canopée On vit dans les cimes Les plus braves Explorent la pénombre inférieure Les plus fous Parlent du vide Tout au fond |
302 |
Vingt-Huit d’Opprobre À toute force Chaque jour Commettre des exploits Des bienfaits Des atrocités Pour qu'on se souvienne de nous Pour nous souvenir de nous |
303 |
Vingt-Neuf d’Opprobre Le sarcomancien M'avait préparé ce pot de crème J'ai tellement peur et envie à la fois De l'essayer |
304 |
Trente d’Opprobre Pépiement ininterrompu Qui vrille les tympans Sensation de danger démultiplié Et dans les branches des milliards de cabanes à oiseaux ! |
305 |
Trente-et-Un d’Opprobre C'est si lourd De ne pas comprendre son fardeau Si lourd D'avancer avec sur son dos Toutes les mues du passé Si lourd D'être, d'avoir été |
306 |
Premier de Vomembres Nous manipulons sans précaution Des arbres miniatures Qui sont des bombes Des plumes Ou des remèdes Croissance, rétrécissement Fiables ? |
307 |
Deux de Vomembres Le blast ! Tout implose dans ta tête Ton corps Grand moment Douleur vertige cauchemar Où la réalité du monde enfoui |
308 |
Trois de Vomembres La beauté du bois brûlé Forêt de cendres Fragments de feuilles parcheminées Odeur d'holocauste Ce que ça me rappelle De l'ancien empire |
309 |
Quatre de Vomembres Patiente collection De ses peaux mortes Et de ses cheveux tombés Des kilos par an Pour confectionner Sarcomantiques |
310 |
Quatre de Vomembres Patiente collection De ses peaux mortes Et de ses cheveux tombés Des kilos par an Pour confectionner Sarcomantiques |
311 |
Six de Vomembres Celui qui vole les contes Pour les mettre dans les livres Ou les achète Contre une bouteille Ou une pépite d'or Qui ruinent la vie du conteur |
312 |
Sept de Vomembres On devient ce qu'on mange Ruse du renard Grâce de la biche Force du sanglier Plus efficace si on mange Un parent, un proche, un jumeau |
313 |
Huit de Vomembres Cet enfant Il avait si mal au ventre Il se plaignait d'un sort Quand on lui a ouvert l'abdomen On a trouvé le fœtus De son frère siamois |
314 |
Neuf de Vomembres Se baigner L'océan n'est qu'oubli Qui console de tout La grande marée des rêves Des espoirs perdus Être enfin lavé de son lourd passé |
315 |
Dix de Vomembres En fait elle n'a pas de tumeurs Elle fait pousser Des frères siamois sur son corps Et les mange Pour récupérer leur force Et leur égrégore |
316 |
Onze de Vomembres Voix Sanglier aux mille bouches Mort Sanglier aux mille mouches Vie Sanglier aux mille couches Forêt Sanglier aux mille souches |
317 |
Douze de Vomembres Feuilles Poèmes de nervures Pourries déjà limon parmi le limon Mains griffues Peaux et mues éparses envolées Aplatissement des cycles Q |
318 |
Treize de Vomembres Grottes Clairières Ouvertures dans les arbres Orées Arbres creux La forêt des mondes parallèles Fourmille de portes vers l'impossible |
319 |
Quatorze de Vomembres Bruissement de la terre charruée Sang des corps empalés Épines immenses et fractales Masse invasive Le cactus à la croissance infinie |
320 |
Quinze de Vomembres Vol gargouille Dentelles pierre Pluie d'eau bénite Clairières vitraux Perdus Entre confessionnaux et chemins de croix Forêt-cathédrale |
321 |
Seize de Vomembres Des cendres des êtres Ils font des infusions La mémoire de l'eau fait le reste Boisson-piranha Baignoire à assassin Rivière endeuillée |
322 |
Dix-Sept de Vomembres Çà ressemble à la quête d'une vie De rassembler sa mémoire Mais le jour Où l'on se tiendra devant sa vérité Sera-t-on prêt À l'affronter ? |
323 |
Dix-Huit de Vomembres Y'avait les ruines de cet hôtel… Chaque chambre vous conduisait À un souvenir de votre passé Est-ce que ça a réellement existé ? |
324 |
Dix-Neuf de Vomembres Ce qui emplit de terreur ? Pas les transformations Les monstruosités Ni les spectres C'est que les hommes N'entendent plus La voix de la raison |
325 |
Vingt de Vomembres Tue le grand cerf de tes mains Accouple-toi avec sa femelle Et qu'en naisse un fils De l'homme et de la bête Qui réunira Les deux règnes |
326 |
Vingt-et-Un de Vomembres
|
327 |
Vingt-Deux de Vomembres Elle s'étend Tisse ses voiles putrides Éparpillée en nuées dans l'air Ses rejetons poussent mollement Sous toutes les formes La mycose |
328 |
Vingt-Trois de Vomembres Ces cuves contiennent De différents passés Ils en sortiront un jour Pour venir te donner Et des questions |
329 |
Vingt-Quatre de Vomembres Pour punir leur enfant Ils l'avaient abandonné Dans la forêt Et quand ils sont revenus Le chercher Il avait disparu |
330 |
Vingt-Cinq de Vomembres Hans le hérisson Juché sur son coq Dans les sapins Si tu l'as trahi Il t'écorche de ses piquants Si tu l'aimes Jette sa peau dans le feu |
331 |
Vingt-Six de Vomembres Ces faux souvenirs Étaient si bien faits Comme des tableaux de maître On voulait à tout prix Les prendre pour vrais |
332 |
Vingt-Sept de Vomembres Un prêtre fait du trafic de confessions Chargées en égrégore Une espionne apparaît Dans les souvenirs des autres L'oubli Rend curieux |
333 |
Vingt-Huit de Vomembres Les horlas mimétiques S'intéressent aux personnes Qui s'intéressent à elles Parfois jusqu'à en être obsédés L'amour est un programme |
334 |
Vingt-Neuf de Vomembres La mystique du tatouage des porcs Votifs Rituels Marques de propriété, de souvenirs Un statut presque-humain Ce qui advient en les mangeant |
335 |
Trente de Vomembres En deuil Pour oublier le défunt Elle l'assassine Dans chacun de ses souvenirs Fait disparaître ses traces Enquête Sur un crime perpétuel |
336 |
Premier de Descendres Lorsque j'ai mangé Cet oiseau humide Je me suis sentie Différente Un tourbillon m'a prise Et plus rien n'a été comme avant… |
337 |
Deux de Descendres Dis-moi S'il te plaît Quel goût je peux avoir Et je te laisserai me manger Juste dis-moi S'il te plaît Doux rêveur |
338 |
Trois de Descendres Le feuillage a prospéré Nous laissant seules Dans le noir Puis la lune rouge Est apparue Attendant la nuit Pour nous juger |
339 |
Quatre de Descendres La voix dans ma tête M'a demandé de sacrifier mon fils Pour s'assurer de ma témérité Mais il ne m'a pas arrêté... |
340 |
Cinq de Descendres Elle ne dit plus un mot Depuis qu'elle s'est coincé les doigts Dans l'arbre à sourire Elle parle par grimaces Désormais |
341 |
Six de Descendres J'aime quand elle me prend Et me possède J'aime quand elle m'oblige À tuer et à mourir Sans que jamais cela ne s'arrête... |
342 |
Sept de Descendres L'homme aux ciseaux Dessinait des visages d'enfants Dans les arbres Et évidemment Les enfants lui répondaient |
343 |
Huit de Descendres « Mon papa, le horla A oublié son repas ! Mon bras droit N'est plus à moi Il pend à coté de moi ! » Comptine enfantine |
344 |
Neuf de Descendres L'avenir, c'est la mémoire ! Parce que c'est le seul bien En quantité limitée Disponible En quantité illimitée |
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Dix de Descendres Les traqueurs d'histoires Sont les seuls à vivre en famille Ne peuvent s'explorer Qu'au fils des ans |
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Onze de Descendres Le horla s'était construit Une tour de Babel Il ne pouvait peut être pas mourir Mais à défaut Il pouvait continuer À chuter |
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Douze de Descendres … Oui, je crois qu'on a baisé une fois Ou était-ce avec son frère ? Sa mère ? Le grand-père peut être ? Je ne sais plus... |
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Treize de Descendres Le meilleur moyen De ne plus perdre un souvenir C'est de le recréer à l'identique Mais est-ce encore Le même souvenir ? |
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Quatorze de Descendres Le secret de ma longévité ? L'inaction Je ne fais rien Donc je n'oublie rien Mon corps Ne vieillit pas |
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Quinze de Descendres Elle lui bigornait d'sus À n'en plus finir Et plus elle frappait Plus il riait Et plus elle riait Plus le ciel s'assombrissait |
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Seize de Descendres Ces pilules d'une drogue très puissante Sont vides Et pour cause ! Elles contiennent juste De l'égrégore Juste Vos rêves les plus fous |
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Dix-Sept de Descendres « Mange ta soupe Ou l'ogre te mangera ! » Si on avait évité De dire ça Notre enfant Serait toujours vivant |
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Dix-Huit de Descendres Quand ces deux amis de jeunesse Se sont retrouvés Ils avaient des souvenirs très différents De la vie qu'ils ont eu en commun Qui a raison ? |
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Dix-Neuf de Descendres Taverniers Voleurs d'histoire Lavandières et leurs suaires d'enfants Crieurs publics et leurs ragots Pleureuses de malheur Sorciers ! |
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Vingt de Descendres Ce chat sauvage L'a observé depuis l'orée Il a singé ses manières Porté les mêmes habits Pris le même métier Puis il a lui a volé sa vie |
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Vingt-et-Un de Descendres Il payait son gîte et son couvert En prenant les gens en photo Mais leur volait leurs souvenirs Puis ses hôtes devenaient dépendants de leur photographie |
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Vingt-Deux de Descendres Il entend les ragots Les soupirs que le vent colporte Les cris des somnambules Et des bêtes battues Il s'en nourrit L'arbre à oreilles |
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Vingt-Trois de Descendres Atmosphère chargée d'angoisse Vagues de peur Tempêtes de colère Pluies de fiel Éclaircies de joie Le chamane donne la météo De l’égrégore |
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Vingt-Quatre de Descendres Cette femme aimait cet homme Qui n'était pas son mari Son enfant est né Avec le même visage On l'a crue infidèle L'homme a été battu à mort |
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Vingt-Quatre de Descendres Cette femme aimait cet homme Qui n'était pas son mari Son enfant est né Avec le même visage On l'a crue infidèle L'homme a été battu à mort |
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Vingt-Six de Descendres Toutes les espèces animales Sont en nous Une forme d'hypnose supérieure Permet de transformer un homme En limace En lynx Ou en raptor |
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Vingt-Sept de Descendres Si on mange des graines organiques Des enfants poussent Dans nos furoncles Des adultes naissent En éclatant Notre poitrine Ventre Ou dos |
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Vingt-Huit de Descendres Nul ne peut échapper À la justice du corbeau D'abord il accuse Puis il traverse tous les obstacles Jusqu'à plonger Dans le cœur De sa cible |
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Vingt-Neuf de Descendres Tempête biologique Génération spontanée Étoiles de mer géantes Limules à panache Vers crochets Et mites-écailles Qui rentrent sous la peau |
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Trente de Descendres Si on savait Toute la faune et la flore Qui vivait sur nous L'existence Serait impossible |
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Trente-et-Un de Descendres Les premiers signes ? Les étangs bouchés Les maisons envahies de chats Mœurs et esprits dégradés Ceux qui parlent tous seuls Et entassent |